DEVRAIS-JE ACCOUPLER MON CHIEN ?

Voici un article que j’ai rédigé pour le compte de DE MAIN DE MAÎTRE 

En passant je vous encourage à cliquer sur ce lien, leur site est une mine d’informations sur tout ce qui attrait au comportement canin et au chien en général. 

Vous aussi vous avez le chien le plus mignon, le plus gentil et le plus intelligent ?! Tellement spécial que vous voulez un bébé de lui.

Vous vous dîtes, « pourquoi ne pas l’accoupler pour en faire des bébés aussi parfaits et gentils que lui ? » Comment faire pour reproduire ce chien que vous aimez tant ?

Que faut-il savoir pour faire saillir son chien ?

Naturellement, il vous faudra un individu avec des gamètes mâles (spermatozoïdes) et un individu avec des gamètes femelles (ovules), concrètement un mâle et une femelle. Simple comme bonjour ! Mais soyons clair il ne s’agit pas là de mettre Kiki sur Loulou dès que l’envie nous prend.

¤ Le moment idéal pour reproduire une femelle

Une chienne est mature sexuellement à la puberté et cette période varie d’une race de chien à l’autre, en général plus la race est grande plus la puberté est tardive :

                               5-6 mois pour les petites races

                               7-8 mois pour les races de taille moyenne 

                               18-24 mois pour les races géantes

Ce sont des données approximatives, on trouvera toujours l’exception qui confirme la règle. Ceci-dit, mature sexuellement ne veut pas dire apte à la reproduction. En effet, comme chez les humains, les jeunes chiennes ne sont pas matures à 6 mois, ni psychologiquement, ni physiquement. Elles viennent juste de sortir de l’apprentissage de la propreté, leur fertilité est limitée, il ne serait pas prudent ni responsable de lui faire avoir une portée.

D’ailleurs, il faudrait idéalement attendre l’âge de fiabilité des tests de santé génétique, et que ceux-ci soient faits, avant même de penser à reproduire un chien.

 

¤ De la saillie à la mise-bas ( accouchement chez le chien)

Il y a peu de chance que vous passiez à côté des chaleurs ou du rut, selon si on parle d’un mâle ou d’une femelle. En effet, leur corps subit un tel changement hormonal qu’ils en deviennent méconnaissables (bagarreurs, destructeurs, fugueurs…). Mieux vaut y réfléchir à deux fois quand on veut reproduire son chien.

Des dosages de progestérone détermineront le moment exact où vous devrez conduire votre femelle chez le mâle. N’oubliez pas que les vaccins et vermifuges devront être à jour.

Après s’être assuré du consentement des deux parties, les acolytes peuvent se lancer dans une partie de jeu de séduction, jusqu’au moment où la femelle figée présente sa vulve. La pénétration peut durer plusieurs dizaines de minutes.

À savoir qu’une éjaculation complète n’aura lieu qu’après « verrouillage ». Dès lors les deux chiens sont impossibles à séparer, en effet la verge du mâle possède des bulbes érectiles qui font ancrage dans le vagin.  Des chiens non expérimentés peuvent être très perturbés, il est important de les rassurer afin d’éviter de graves lésions et même une fracture du pénis, oui oui !

¤ Et après l’accouplement que fait-on avec les chiens? 

Après l’accouplement les hormones vont encore une fois jouer des tours sur le comportement de votre chienne (pleurs, irritabilité, nervosité, demande d’attention etc..). Désormais il faudra accorder toute son attention à la maman, elle doit rester calme et confortable, son alimentation devra changer au fur et à mesure de la gestation que ce soit en quantité ou en variété. Attention pas n’importe quoi ni n’importe comment.

Vers le 25ème jour de gestation, une échographie permettra de vérifier si maman est bien gestante et si tout se déroule comme prévu. À 50 jours, la radio permettra d’estimer le nombre de chiots, information utile lors de la mise bas.

Votre chienne marche dans tous les sens de façon frénétique, gémit, produit du lait et vous avez observé une baisse de température ? Ce sont des signes indiquant que vous êtes au 63ème jour de gestation, la mise bas est proche !

Une mise-bas peut durer trois heures comme seize, tout dépend du nombre de chiots et des complications. Un chiot mal présenté et coincé trop longtemps dans les voies basses, c’est non seulement le risque de perdre la portée mais votre chienne aussi, une césarienne s’impose et vite ! Aviez-vous pensé à ces possibilités et aux coûts qui y sont reliés?

C’est un exemple parmi tant d’autres, il m’est difficile de détailler ici toutes les précautions à prendre et toutes les connaissances à avoir avant de se laisser tenter par l’aventure.

Finalement pas si simple de reproduire son chien, c’est une présence de tous les instants, il faut être équipé, formé, préparé et avoir les moyens car comme vous le voyez il ne suffit pas de passer chez Loulou quand Kiki à ses chaleurs.

¤ 6 raisons de ne pas reproduire son chien

     1. Accoupler sa femelle demande des connaissances vétérinaires

Que ce soit le mâle ou la femelle, les deux courent un potentiel risque.

La gestation n’est pas sans risque non plus, plusieurs complications peuvent survenir surtout si l’alimentation n’est pas adaptée. L’environnement durant la gestation a déjà un impact sur le futur des chiots à naître. Un environnement trop stressant peut engendrer des problèmes d’anxiété plus tard chez les chiens. Par exemple, les chiots provenants de mauvais éleveurs, comme les usines à chiots, ont plus de chance d’être agressifs et anxieux une fois adultes. Ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres.

Enfin la mise-bas est de loin le plus risqué : césarienne, infections, éclampsie, le fameux lait toxique et malheureusement tant d’autres problèmes possibles…

Alors oui la nature est bien faite, mais malheureusement nos chiens sont tout aussi naturels que vous et moi. Il est donc primordial de bien se renseigner, une formation en élevage canin est nécessaire. 

     2. La reproduction canine demande des connaissances génétiques et comportementales 

Évidemment, on aimerait que bébé chien soit en bonne santé ! Il est donc primordial de mettre toutes les chances de votre côté. À savoir :

  • Lire un pedigree (arbre généalogique) afin de calculer le taux de consanguinité que vous être prêt à accepter selon le profil, eh oui il faut des connaissances en génétiques ! Il vous faudra aussi vous rapprocher des autres éleveurs, conserver une race en bonne santé est un travail commun.
  • Faire les dépistages des maladies héréditaires liées à votre race, mais plus encore, selon les races il y a des couleurs à ne pas marier au risque de se retrouver avec des chiots sourds et aveugles (Exemple : accouplement de 2 chiens « merles » chez le Berger australienqui est maintenant interdit). Certaines maladies sont douloureuses et mortelles, reproduire des chiens non testés, c’est le risque de voir son chiot mourir de façon juvénile, en 4 à 6 ans pour certaines maladies héréditaires.
  • Avoir des connaissances sur la construction physique d’un chien en bonne santé. Il y a des morphologies à éviter au risque de voir le problème s’amplifier chez la descendance. 
  • Prendre en compte le caractère et le tempérament. Bien qu’on ne connaisse pas encore le taux exact de transmission génétique concernant ce point, on en sait suffisamment sur le sujet pour savoir qu’il faut éviter de reproduire un chien agressif, ou qui a tendance à être anxieux ou craintif.

Eh non, on n’accouple pas son chien uniquement parce qu’on pense que c’est le plus mignon et le plus génial ! D’ailleurs, êtes-vous vraiment objectif sur les qualités reproductrices de votre chien ? 😛

Quand vous décidez de reproduire votre chien, vous devez toujours avoir une approche rigoureuse sur la santé de votre couple. Qu’elle soit physique ou mentale. Vous allez mettre au monde une portée de plusieurs chiots dans un contexte de surpopulation animale, il est de votre devoir de mettre toutes les chances de votre côté pour produire des chiens en pleine santé, physique et psychologique.

Vous ne voudriez pas alimenter les nombreux refuges, débordants un peu partout dans le monde de chiens venants d’éleveurs qui n’ont pas pris leurs responsabilités ou qui n’étaient pas informés.

Inutile de dire que votre chien doit aussi être certifié pure race (et son/sa partenaire aussi !) pour être reproduit, puisque chaque race a ses propres caractéristiques génétiques et cela permet, entre autres, d’avoir une meilleure idée du tempérament et des comportements des chiots à naître. Par exemple, au Canada, les chiens doivent avoir leur enregistrement auprès du Club Canin Canadien.

     3. Reproduire sa femelle pour qu’elle vive la maternité au moins une fois !

 

Qui de nous n’a pas entendu cette phrase ?

Souvenez-vous les hormones sont tellement puissantes que ce sont elles qui vont lui dicter ses choix. On n’aura jamais vu une femme collée au grillage, hurlant à mort pour avoir des relations sexuelles à tout prix avec le premier inconnu qui passe, une chienne… oui !

Nous sommes loin du concept de la maternité. Le mythe est rompu, les chiens ne connaissent pas ce concept et heureusement elles peuvent être heureuses et en bonne santé sans materner, tout comme nous d’ailleurs. 😊

4. Accoupler son chien pour en avoir un deuxième comme lui

Dire de votre chien qu’il est le meilleur chien du monde n’est pas un critère suffisant (eh non ! 🙁 ), il doit pouvoir avoir un bagage génétique suffisamment intéressant pour être transféré à sa descendance afin de préserver la santé mentale et physique de la race.

Aussi, c’est le mariage entre deux chiens qui fera la différence. Même un animal avec les meilleures qualités reproductrices ne pourra pas être accouplé avec toutes les chiennes, pour des raisons de consanguinité ou d’incompatibilité physique avec le partenaire par exemple.

Il est admis de dire que dans une portée de chiots, seuls un ou deux chiots auront les qualités de reproducteurs.

Et en admettant que votre chien ait ces qualités, seuls 50 % de son patrimoine génétique sera transféré à sa descendance. Il ne pourra donc jamais produire un deuxième lui-même. Dieu soit loué ! Je ne voudrais pas être le clone de ma mère et, soit dit en passant, je remercie grand-papa d’avoir transféré ses gènes. 😛

Vous comprendrez alors que les « chances » d’obtenir un chiot comme votre chien que vous souhaitez reproduire sont peu élevées. D’autant plus qu’on ne sait jamais si de « mauvais traits » (gènes récessifs ou comportements qui n’ont pas été exprimés grâce à l’environnement) des parents ou grands-parents de votre chien ne pourraient pas être passés à ses chiots !

D’où l’importance de bien connaître la lignée de votre chien avant de le reproduire !

     5. Abandon et surpopulation de chiens

Vous l’aurez compris, en plus de l’impossibilité d’avoir un chiot identique à votre chien, ce dernier verra le jour avec plusieurs autres chiots. Quand on décide de mettre des vies au monde, il faut en assumer la lourde responsabilité de leur trouver des familles impliquées, responsables et aimantes. Tout le monde veut un chiot mignon, mais peu veulent un chien adulte qu’il faut sortir sous la pluie, pendant les tempêtes et qui coûte cher.

Êtes vous prêts à prendre la responsabilité de ces chiots que vous mettrez au monde si jamais la famille qui vous lui aviez trouvé souhaitait s’en départir?

En Espagne, c’est près de 106 000 chiens (pour ne citer qu’eux) qui sont abandonnés chaque année, issus d’élevages véreux et non éthiques (ou « éleveur de fonds de cour » si vous préférez) entre autres. Mais ces chiens abandonnés sont aussi le frère ou la sœur du chiot que monsieur tout le monde voulait garder, pour avoir une descendance de leur chien parfait.

     6. Avoir une portée demande beaucoup de temps et d’argent

Tests de santé, frottis, dosages de progestérone, échographie, radiographies, alimentation spéciale, etc., ne représentent que le début des dépenses.

Les déclarations administratives obligatoires ont elles aussi un coût (déclaration de saillie, inscription au livre des origines (Europe), inscription au Club Canin (Canada) enregistrement de la puce, etc.). Ce à quoi vous devrez ajouter les vaccins nécessaires avant l’adoption du chiot ainsi que les vermifuges et l’alimentation de toute la portée. Sans compter les soins spéciaux dont certains chiots peuvent avoir besoin s’ils rencontrent des problèmes à la naissance.

Et toutes les autres choses auxquelles on ne pense pas directement, comme la communication (site internet, photos, annonces…), les expositions de beauté (concours de conformation), qui sont aussi nécessaires, non seulement pour faire connaitre votre élevage, mais aussi pour avoir un avis plus objectif sur les qualités reproductrices de son chien. Les frais liés à la socialisation des chiots (jouets, installations, essence…) et enfin tous les imprévus (césarienne, infections, retour d’un chiot à la maison…).

Il paraît que le temps c’est de l’argent, rien n’est moins sûr quand on décide d’élever des chiots. Avoir une portée c’est une présence de tous les instants, de jour comme de nuit, et cela durant un minimum de 5 mois entre la gestation et le départ des chiots. Sans parler du temps consacré aux futurs propriétaires !

Il faut être multicasquettes : médecin, sage-femme, généticien, éducateur, nutritionniste, psychologue, commerciale, graphiste, photographe et j’en passe !

N’oubliez pas qu’une fois les chiots nés, il faut débuter un programme de socialisation et de stimulation (comme le Early Scent Stimulation, le Early Neurological Stimulation et le programme de socialisation Puppy Culture), ainsi que débuter leur éducation. Cela demande beaucoup de temps et de connaissances ! La formation continue en comportement animal, en génétique, etc., est primordiale pour donner le meilleur aux chiots et aux futures familles qui les adopteront !

Qui produit des chiens alors? 

Un éleveur éthique pardi ! Avoir un élevage de chiens c’est une passion et rares sont les éleveurs éthiques qui en vivent. Produire des chiens en bonne santé implique tout ce qui précède, mais plus encore, comme ne pas produire à chaque chaleur, ne pas reproduire aux premières chaleurs de la femelle, respecter les besoins physiologiques du chien et tout ce que je ne peux détailler dans un simple article.

Et même quand toutes les conditions sont réunies, il se peut que le résultat soit décevant, car n’oublions pas, nous travaillons avec des êtres vivants.

Alors, autant mettre toutes les chances de votre côté. La santé physique et mentale des chiens devrait également être la priorité de toutes les personnes qui souhaitent adopter un animal.

Plus votre chien est en bonne santé, moins il risque de vous coûter de sous en frais vétérinaires et en comportementaliste canin !

Comment discerner le bon du mauvais éleveur ? 

Vous êtes chanceux, voici le guide pour choisir son élevage de chien ! 😊

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